Le crépuscule de la mousson - Partie 2
Le crépuscule de la mousson, partie 2 - Contée par une sage magicienne Fyros.
La femme du mage fit un signe en rougissant et indiqua qu'ils pouvaient
commencer à manger sans plus de cérémonies. Le jeune missionnaire Matis
mangea de bon cœur et sans bruits. Il prit son cœur de cactus du bout
des doigts, découpant de petits morceaux délicats avant de les mettre
dans sa bouche, ce qui fit rire Silva. Elle fût réprimandée directement [...]
Le crépuscule de la mousson, partie 2 - Contée par une sage magicienne Fyros.Un grand merci à Naïa pour cette traduction ;)
La femme du mage fit un signe en rougissant et indiqua qu'ils pouvaient commencer à manger sans plus de cérémonies. Le jeune missionnaire Matis mangea de bon cœur et sans bruits. Il prit son cœur de cactus du bout des doigts, découpant de petits morceaux délicats avant de les mettre dans sa bouche, ce qui fit rire Silva. Elle fût réprimandée directement.
"Oh, je ne suis pas offensé, mais dites-moi, qu'est-ce qui vous fait rire ?", demanda Angeli.
"C'est la manière dont vous faites faire à vos doigts le travail de vos dents !", dit Julea. "Ici, on mange le cœur de cactus d'une seule bouchée, comme ça nous n'en avons pas pleins les doigts, voyez ?!"
"Mon chemin est celui de Jena. Comme moi j'observe les différentes parties du cactus pour mieux juger comment il a poussé, Jena regarde dans nos cœur et nos âmes pour examiner notre valeur."
"Hé bien ici, nous sommes habitués à goûter le cœur de cactus comme un tout, goûter seulement morceaux par morceaux ne ferait que déformer l'image globale. Dans le même esprit, un homin a beaucoup d'humeurs, n'en prendre qu'une fera de lui votre meilleur ami ou votre pire ennemi !", rétorqua Abecus d'un ton joyeux.
"Pourtant, apprécier pleinement la création de Jena nous permet de faire des offrandes pertinentes à ses disciples de la Karavane."
"Ha, Jena, Jena, une invention pure et simple !", dit Abecus en riant.
"Mais, noble mage", répondit Angelis d'un ton très sérieux, "d'où vous viens votre magie dans ce cas ?"
"Pas de l'esprit de Jena, je peux vous l'assurer! Non, il vient de la connaissance des objets, en réfléchissant sur leur nature, en apprenant comment les regardez pour qu'une science puisse être physiquement construite autour. Je suis sur qu'aucun parmi vos collègues n'a jamais vu Jena ! Et encore moins trouvé d'où elle vient."
"Jena est dans la caresse de la brise, dans le tourment des tempêtes, dans les émotions qui embrasent nos coeurs. Toutes ces choses que nous pouvons sentir mais pas voir. Seules ces sensations peuvent nous faire penser qu'il y a une vie après la mort sur Atys", répondit Angeli.
"Vous avez une bonne répartie, Angeli, mais avec tout mon respect, Jena n'a pas sa place dans cette maison ! Et quand les Matis descendront de leur petit nuage pour..."
Mais les mots d'Abecus furent soudain couverts par un grand hurlement.
"Des gingos dans les environs ?", demanda Angeli.
"Non, c'est le vent de la mousson, quand il hulule comme ça à travers la corne de tempête ça veut dire que nous sommes bons pour un coup de sale temps, ce qui veut dire que vous devrez rester ici jusqu'à ce que ça passe. Ca ne vous fera pas de mal d'apprendre nos coutumes. Maintenant excusez-moi, je dois aller prévenir les gens de garder leurs mektoubs à l'intérieur cette nuit, avant que Jena, déguisée en tempête, vienne les emporter !! Mais restez ici, jeune ami, je ne devrais pas être long, Julea vous fera la conversation. Qu'elle prenne ma place, ça lui donnera l'occasion de rafraîchir sa mémoire sur nos propres connaissances."
Ce fût sous le regard vigilant de la maîtresse de maison qu'Abecus laissa les jeunes novices. Et ils parlèrent jusque tard dans la nuit, mettant à l'épreuve le raisonnement de l'autre, piochant dans la culture de chacun.
"Est-ce que c'est vrai que les Matis interdisent à leur classes inférieures d'apprendre à lire et écrire pour plus facilement leur imposer vos lois ?", demanda Julea.
"Ce sont les lois de Jena, mais la réponse est oui, il faut d'abord acquérir l'entraînement suffisant pour affronter les doutes de ce monde. La connaissance inutile est un danger pour le simple homin ne menant qu'au tourment et à la misère puis finalement à la perdition dans la gueule du dragon.", répondit Angeli.
"Donc vous préconisez l'ignorance béate !", railla gentiment Julea.
"Hé bien, vu de cette façon, je suppose que oui..."
"Et l'égalité, je suppose que la loi de Jena n'en parle pas..."
"Si, elle en parle, mais c'est à chacun de l'apprendre ! Une place près de Jena doit être gagnée, être méritée, sinon il suffirait de se contenter d'une vie comme simple vendeur de tapis !"
"Au moins, tu n'évites pas mes questions comme les autres de ta race, Angelis, et même si je ne peux pas adhérer à tes idées, l'honnêteté de ta foi me met du baume au coeur.", avoua Julea.
"Et moi, Julea, bien que je ne la partage pas, je m'incline devant ta sagesse.", fût la réponse d'Angeli.
Ainsi était le ton de leur conversation et malgré les divergences d'opinion, chacun fournit à l'autre de quoi approfondir ses connaissances. Pendant trois jours, la mousson d'automne cingla le delta du désert où la vie fît rapidement son retour dans toute sa splendeur. Mais la pluie diminua bientôt et le Matis du rejoindre le convois impérial pour reprendre son voyage.
A la veille du départ d'Angeli, ayant épuisé leur sujets de discussions, les jeunes homins restèrent assis silencieusement sur une dune, regardant le delta maintenant florissant du désert. Le magnifique couché de soleil de mousson dardait ses rayons autour d'eux dans le silence, le silence nuancé de l'amitié, une amitié mutuelle dont les pensées n'ont besoin d'aucun mots...
(A suivre)
Source : ryzom.jeuxonline.info
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